En associant l’art et la chaussure, Magnanni crée l’événement

Démarche appréciable que celle du chausseur espagnol Magnanni, qui a créé par deux fois l’événement au mois de Décembre 2016, d’abord au Bon Marché puis dans sa boutique du Marais, en accueillant un artiste peintre espagnol qui réalisera sous les yeux des  clients des personnalisations uniques en leur genre.

Magnanni a toujours fait ses teintures à la main, à l’usine ou directement dans ses points de vente. Pour sa seconde année de présence lors de la quinzaine des fêtes de fin d’année au Bon Marché, la maison a voulu aller plus loin en produisant un artiste célèbre pour ses aquarelles et ses peintures à la plume.

« Nous profitons de sa technique et de son savoir-faire pour amener un côté un peu plus artistique à la chaussure » nous explique Rocio Blanco, copropriétaire de la marque et responsable de la boutique parisienne. Démonstration par l’exemple avec cette rose apposée sur le quartier arrière d’un one cut. Le trait du dessin est fin comme celui d’un tableau. Et il est également coloré comme peut l’être un tableau. L’artiste officie d’abord à la plume, à laquelle échoit la responsabilité de graver le dessin dans l’épaisseur du cuir, puis au pinceau extra-fin pour le passage des couleurs. Un travail d’orfèvre pour lequel le patineur maison et le peintre constituent un binôme, le premier teignant la tige de cuir avant de confier la chaussure à l’artiste puis de compléter le travail de ce dernier en fixant et protégeant son art d’une couche incolore.

Aux clients en manque d’inspiration la maison propose plusieurs thèmes : la rose (traditionnelle en Espagne), les taureaux et quelques autres thèmes typiquement ibériques. Mais le client peut aussi demander lui-même ce qu’il souhaite.

Après les patines, popularisées par Berluti dès la fin des années 90, puis les transparences et les autres personnalisations apparues depuis lors (peaux frappées, vernies, glacées, métallisées, vieillies…), les tatouages ont constitué une étape supplémentaire dans la personnalisation quasiment artistique des plus belles chaussures. Avec Magnanni ce dernier pas est franchi, à la notable différence par rapport à une toile du fait que c’est ici le support que invite l’œuvre, et non l’inverse.

Pas facile évidemment de gérer une production aussi personnalisée et, s’agissant des réalisations d’un seul artiste, aussi confidentielle. Aussi pour optimiser la gestion de cette production très exclusive, la maison a-t-elle conçu d’organiser des événements au cours desquels elle invite ses clients à venir découvrir par eux-mêmes le travail de Ruano en temps réel. Au Japon quinze jours avant notre rencontre, celui-ci était chez Bergdorf Goodman à New York la semaine précédant celle-ci, puis attendu à Londres chez Harrods quelques jours plus tard. Avant Paris les 10, 11, 17 et 18 décembre, au Bon Marché d’abord puis à la boutique Magnanni.

On imagine sans mal que l’opération réclame plus de temps qu’une simple patine et que les clients devront prendre leur mal en patience avant de chausser leur paire personnalisée : « Quatre à cinq heures, nous confie Rocio. Ce qui signifie que les clients qui arrivent à la première heure lors de nos events peuvent avoir leur paire le soir-même. Lorsque nous avons plusieurs clients nous prenons les commandes, qui sont réalisées à l’usine dans les quinze jours, puis expédiées au client ». 

On ne peut s’empêcher de s’interroger sur la genèse de cette offre, encore jamais vue : comment l’idée en est-elle venue ? « Pour nous c’était une décision facile à prendre parce que nous sommes six frères et sœur, tous différents et complémentaires : Sébastian a fait des études économiques, moi les Beaux Arts… (lire encadré). C’est pourquoi cette boutique en face du musée Picasso a été un coup de cœur pour moi lorsque nous avons pris la boutique à Paris, où nous voulions amener un peu de la culture espagnole. » 

Au Bon Marché les 10 et 11 décembre 2016

Dans le cadre des animations prévues pour les fêtes de fin d’année, le grand magasin a organisé de multiples événements destinés à attirer les visiteurs. Parmi ceux-ci, le corner Magnanni et le peintre. Ce dernier disposait d’un petit atelier sur le stand et a exercé son art sous les yeux des clients toute la journée, accompagné de Rocio ou de Miguel Blanco qui réalisent les patines à partir de paires en cuir naturel avant de confier celles-ci à l’artiste pour les personnalisations. Par rapport à l’année dernière, qui ne proposait que des patines de couleur personnalisées, l’édition 2016 a permis aussi aux acheteurs de passer commande de ceintures et d’objets de petite maroquinerie coordonnés aux chaussures, jusqu’au dessin s’ils le souhaitent.

L’événement atelier a été ensuite reconduit à la boutique de la rue Vieille du Temple les 17 et 18 décembre : « Comme nous n’avons pas fait de cérémonie d’ouverture, ce sera l’occasion d’inviter nos clients à venir boire de bons vins espagnols et découvrir nos chaussures. »  souligne Rocio.

Technique et tarifs

A l’attention des plus techniciens parmi nos lecteurs, précisons que Magnanni travaille exclusivement sur des peaux végétales naturelles couleur mastic, que le peintre ouvre légèrement la fleur de la peau avant d’y faire pénétrer la teinture et que le patineur fixe son œuvre d’une couche de cirage neutre qui en protégera les couleurs.

Il en coûtera à l’amateur entre 450 et 600 euros pour un ensemble chaussures et ceinture, patine et dessin compris. « Evidemment, ce serait plus long et plus cher pour celui qui demanderait la reproduction du plafond de la chapelle Sixtine… mais on peut tout faire, s’amuse Rocio. Nous avons eu toutes les expériences : des clients sont arrivés avec la photo de leur femme, de leurs enfants, de leur dernière voiture ou moto, leurs noms et dates de mariage, des personnages de BD… un client japonais nous a même demandé de lui tatouer la recette de son cocktail préféré ! »

 

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