Christian Louboutin rend hommage à Naples

Ce n’est pas si souvent qu’un ténor de la mode, qu’il s’agisse du textile ou de la chaussure, rend ainsi hommage à l’un de ses fournisseurs. En l’occurrence, s’agissant de Christian Louboutin à l’atelier qui fabrique ses chaussures pour homme.

On sait que le créateur s’est fait connaître par la femme, pour laquelle il a dès 1992 conçu et créé des collections de chaussures sexy en diable, caractérisées par la fameuse semelle rouge vermillon qui est devenue la signature de la marque à travers toute la planète. Une semelle, des cambrures et des lignes qui lui ont réussi puisque la maison compte aujourd’hui plus d’une centaine de boutiques dans le monde.
Lorsque, il y a quelques années, la maison étend son offre à l’homme, le regard que nous portons sur la première collection est inévitablement circonspect : on a vu tant de créateurs parvenus à la notoriété par la femme accoucher, en raison de stratégies commerciales de rentabilité économique, de collections homme aussi improbables qu’importables… Quel plaisir aussi de constater, dès les premières d’entre elles, la présence de modèles correspondant à une véritable culture de la chaussure homme, agrémentés du fameux twist qui témoigne de la patte du créateur et fait la différence.
Aucun calcéophile n’oubliera l’Albert slipper relevé d’une broderie représentant une carpe (on aurait juré l’un de ces dragons de sortie lors du Nouvel An chinois) : un collector, assurément. A côté de quelques créations clairement destinée à une clientèle de connaisseurs, des modèles plus consensuels, plus faciles à porter, mais toujours dotés d’une personnalité marquée, par leur forme à monter classique associée à des jeux de matières et des couleurs originaux. Bref : une proposition différente entre les grands classiques et les créateurs, sorte de voie médiane entre une chaussure vraiment très traditionnelle et une autre totalement déjantée.
Depuis lors au fil des collections, nous avons deux fois par an l’occasion d’apprécier des souliers à la personnalité marquée, différents mais portables : une sorte de quadrature du cercle pour les amateurs.
Pour un certain nombre pourtant, la question demeure du positionnement du chausseur pour homme Christian Louboutin : fabrication de chausseur traditionnel ou de fashion maker plus intéressé à l’art qu’à la manière – comprenez au plumage plutôt qu’au ramage, c’est-à-dire à l’aspect et non à la substance. En nous ouvrant les portes de son atelier de la région de Naples, la maison répond sans ambiguïté : oui, la fabrication de ses chaussures, pour aussi modeuses que puissent être celles-ci, est traditionnelle, et même les modèles cloutés les plus tendance sont fabriqués dans les règles de l’art, tant pour ce qui concerne les tiges que les semelles, les murs de gravure rapportés, le montage, les coutures…
L’occasion pour nous de rappeler que cet épicentre de la chaussure italienne est considéré comme l’un des plus polyvalents et qualifiés par les différents acteurs du secteur du luxe, et que son héritage de savoir-faire s’est perpétué sans rupture depuis plus d’un demi-siècle à travers de nombreux petits ateliers artisanaux, le plus souvent familiaux et ne comptant qu’une dizaine d’ouvriers. Plus qu’un point de détail, c’est un fait suffisamment rare pour être souligné, cette préservation tacite des connaissances techniques et des talents permettant aux maisons qui font appel à leurs services de donner vie aux élans créatifs de leur studio de création sans hypothéquer les qualités techniques des produits. Voilà pour la technique.
Plus fort : Christian Louboutin rend un vibrant hommage à la condition napolitaine de sa fabrication à travers la réalisation d’une série de clichés – et d’une vidéo disponible sur les applications numériques Pointure – mettant en scène la principale ville du Sud de l’Italie et l’exubérance de ses habitants, présentés comme des Sapeurs africains avides d’élégance décontractée, de couleur et de gaité. Au bout du compte Les napolitains : Revitalising Tradition est une série éminemment représentative des collections maison.

Style et technique
Si la beauté de la femme a toujours été au centre de l’inspiration de Louboutin, et ses créations immortalisées dans les musées, les pistes de la semaine de la mode, les tapis rouges et la pop culture à travers le monde, l’irrévérence caractéristique de la marque s’est toujours accompagnée, pour ses créations masculines, d’innovations concernant le style. Clairement : les limites signifient peu au concepteur et la tradition est souvent prise simplement comme une suggestion, à charge pour les stylistes et les ouvriers d’imaginer et donner vie à des chaussures à l’équilibre entre classicisme et modernité.

Semelle rouge
L’inimitable semelle rouge. On ne devrait pas dire inimitable car un coup de teinture est facile à poser. Le style et l’exigence de fabrication sont quant à eux nettement plus difficiles à imiter…

Photos:
Préparation de la tige, encollage du bout, préparation de la semelle, mise sur forme, finitions : jusque la mise des chaussures dans leur pochon, la fabrication des chaussures Louboutin Homme, des plus classiques aux plus audacieuses, passe par les mêmes étapes que la chaussure la plus traditionnelle.

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